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CNSP : « SAUVEUR » OU « FOSSOYEUR » DE LA NATION ?

Une impression de froideur, de technicité butée et, soyons un brin cynique, d’absence de sens politique est confirmée par le sens du comportement de la « junte du 18 août » dans sa tentative de libérer notre pays du goulot de sanctions de la CEDEAO qui l’étrangle à petit feu. Parfois, galvanisé par nos pulsions, on éructe contre une décision politique que l’on aurait peut-être jugé un peu moins sévèrement si l’on avait pris le temps de la respiration, de regarder froidement les bénéfices de ladite décision et d’écouter jusqu’au bout les arguments de ses promoteurs.

 

Mais là, on a beau laisser passer les jours et les nuits, écouter ce qu’ont à nous dire Assimi et ses compagnons d’armes, rien n’y fait.
Au-delà de la non-prise en compte des exigences de la CEDEAO, notamment la dissolution du CNSP, la limitation des prérogatives du vice-président de la transition aux seules questions de la défense et de la sécurité, l’impossibilité pour lui de remplacer le président de la transition en cas d’empêchement, la libération de tous les détenus civils et militaires et la mise à disposition de la Charte de la transition, voilà que les « sauveurs de la nation » du 18 août veulent en rajouter à la détresse du peuple. Car, depuis hier, on parlait incessamment de l’annonce imminente de la composition du gouvernement de la Transition que doit diriger le Premier ministre OUANE. Si cette annonce se concrétisait, cela aura été une énième bourde de la junte du 18 août. Et tout porte à croire que le Dr Choguel MAIGA avait eu raison tôt de parler de Premier ministre « marionnette » de la junte. En effet, nommer un chef de gouvernement le samedi et publier son gouvernement deux jours après reviendrait à lui imposer le fait accompli. Tout comme ce qui est arrivé au tout nouveau président de la transition qui ne savait pas la teneur de la Charte au moment de sa nomination.
Apparemment, au vu des démarches de sortie de crise, les militaires ne se pressent pas et semblent bien inconscients du danger qui guette notre pays. Les problèmes s’accumulent de jour en jour et indubitablement Assimi et ses compagnons d’armes seront submergés par des événements à tel point qu’ils ne sauront plus où donner de la tête. Et c’est justement ce qu’il faut éviter à tout prix. La Charte dont il est question est et demeure toujours la pomme de discorde entre, d’une part, la Cedeao et les militaires et, d’autre part, entre le Comité stratégique du M5 et ces mêmes militaires. Pourquoi tardent-ils à la publier ? Que contient-elle réellement comme bréviaire au point de dissimuler son contenu à tout le monde ? S’ils ne font pas attention, la Cedeao inflexible sur sa position, pourrait même ne plus reconnaître ce poste de vice-président et demander son rejet pur et simple.
Loin du compte, ce comportement de Assimi et ses compagnons du 18 août va sans doute agir comme un liquide nauséabond sur une sortie de crise encore mal maîtrisée. Ce qui est, certes, révélateur du malaise profond qui dénote de l’atmosphère peu sereine au sein même des militaires, comparable à celle qui peut bien régner dans un panier de crabes. Plus les jours passent, plus les Maliens se perdent en conjecture face à leurs faux bonds répétitifs aux conséquences incalculables pour l’économie du pays. On a toute l’impression que nos « sauveurs de la nation » tentent sciemment de minimiser l’ampleur des sanctions, son degré sur la survie des institutions surtout son impact négatif sur la masse populaire requinquée en bloc derrière leurs revendications de donner une nouvelle légitimité populaire aux institutions du pays. À force de dribbler tout le monde, Assimi et ses compagnons d’armes finiront par tomber dans leur propre piège si ce n’est déjà fait. Et il y a fort à parier le risque de ne pas avoir de soutiens puisqu’ils auront brûlé tous leurs faisceaux. Il est donc impérieux pour ces militaires de revenir au peuple et parler le même langage pour faire front commun. Et de comprendre que bien que le peuple malien soutient leurs causes et veut réellement l’aider sa patience a pourtant des limites et que s’ils ne prennent garde, dans ce jeu politique sans lendemain, ils seront bien plus que les « fossoyeurs » de la nation.

Par Mohamed Sacko

Source : INFO-MATIN

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